La vie à Baubau : Makan !
Je ne saurais faire un article sur un pays sans évidemment aborder le sujet de la nourriture .. C’est pas comme si c’était à la fois un besoin vital mais aussi un plaisir (pour ma part en tout cas).
En l’occurrence dans le cas de la vie à Baubau, force est de constater qu’on se rapproche davantage du besoin que du plaisir, parce que les choix de menu sont pour le moins… limités.
Qu’est-ce qu’on mange ?
En effet, s’il y a bien une question qu’on ne pose pas au sein du foyer de Mario, c’est bien celle de savoir ce qu’il y aura au menu du prochain repas. Et pour cause, ils mangent littéralement la même chose tous les jours : du riz et du poisson. Eh oui c’est ça la vie sur une ile, les choix de nourriture sont limités et tout produit importé coûte très cher et devient de facto quasi inabordable pour un habitant moyen : les yaourts par exemple sont très chers.
Les sols de Baubau ne sont pas très fertiles et peu de légumes y poussent. J’en veux pour preuve que les quelques légumes que l’on peut acheter au marché ne donnent vraiment pas envie et seraient selon moi, une raison suffisante pour laquelle Lionel et Liebe (les enfants) n’apprécient pas vraiment les légumes : ils n’en ont probablement jamais mangé de bons.
Sur Youtube pendant une période on pouvait trouver toutes sortes de vidéos challenges débiles du genre “Je mange bleu pendant un mois : ça tourne mal”. À Baubau il semblerait ainsi que l’on soit en challenge permanent.
Pour ma part j’ai pu répondre à la question : est-ce que je parviendrais à manger du riz tous les jours pendant un mois ?
Réponse : Les doigts dans le nez !
Remarquez ça aurait pu aussi être les doigts dans l’assiette parce que beaucoup de locaux mangent leur repas avec les mains, comme Lionel par exemple, tandis que les autres utilisent des cuillères à soupe.
Au bout de 2 ou 3 semaines du même régime, j’ai demandé à Mario s’il avait mangé ça toute sa vie. Ce qu’il m’a confirmé, avec l’air amusé du gars qui n’y avait jamais pensé jusque-là et qui vient tout juste de le réaliser. D’ailleurs moi je suis parti de France en étant capable de manger un peu de poisson : quand j’étais petit je n’aimais pas ça mais j’ai toujours persévéré parce que je trouvais que les sauces blanches qui l’accompagnent sont toujours délicieuses. Du coup c’était toujours bien dommage pour moi de ne pas pouvoir en manger.
Après un mois passé en Indonésie je suis maintenant un mangeur aguerri et tout-terrain de poissons de toutes sortes. Je mange même désormais des grosses crevettes alors que je n’ai jamais aimé ça. Comme quoi les voyages ça vous change un homme y’a pas à dire.
Non en fait la vraie question à se poser au niveau des repas chez Mario ça serait plutôt :
« À quelle heure on mange ? »
Ils ont effectivement une organisation du temps des repas bien différente de la nôtre : chacun mange un peu quand il veut et donc de fait tout le monde mange séparément. Pas le plus convivial mais sûrement le plus efficace pour manger au moment où l’on a faim sans avoir besoin d’attendre (le kairos en opposition au chronos).
Par contre là où c’est clairement contre-productif, c’est que tout le monde pose systématiquement la question aux autres de savoir s’ils ont déjà mangé ou non, en particulier les parents aux enfants le soir. Et tous les soirs c’est la même rengaine, les parents doivent insister lourdement auprès de leurs enfants pour qu’ils se mettent à table avec l’injonction désormais phare pour moi : « Lionel/Liebe, makan ! », “makan” voulant dire “repas/manger”.
Un repas typique chez Mario c’est :
- Du poisson
- Des concombres et de la tomate (surtout pour faire plaisir à Giang)
- Du tempe et du tofu frits
- Une sorte de bouillon de légumes préparé probablement à base de citronnelle
- Une autre sorte de bouillon, cette fois probablement à base de lait de coco.
Rassurez-vous les amis, le riz n’est jamais loin !
Le plus souvent c’est Mario qui cuisine, parce qu’il a plus de temps, ne travaillant que sporadiquement. Mais souvent cela peut aussi être Gita, qui peut dès lors compter sur l’aide préciseuse de sa fille Liebe !
Me voilà de retour du marché avec mon précieux butin : du thon et des bananes, le fruit spécialité de l’ile :
J’aurais l’occasion de parler un peu du thon plus tard parce que ça a été une véritable révélation de mon côté : jamais je n’aurais imaginé que c’était aussi bon.
Découvertes culinaires
Même si comme je l’ai dit les possibilités gustatives sont limitées à Baubau, ce séjour aura tout même été l’occasion pour moi de découvrir de nouvelles choses.
- Du tempe (prononcer tempé) frit, c’est à dire du soja fermenté, spécialité de l’Indonésie. C’est généralement ce que Mario pouvait proposer à Giang pour satisfaire son régime végétarien. Coup dur à nouveau pour la joueuse vietnamienne parce que comme je l’ai mentionné les options de nourriture sont limitées sur place, et d’autant plus s’il s’agit de plats végétariens.
- Du gado-gado ! Spécialité indonésienne à base de cacahuètes que l’achète sous forme de pâte. On a juste à la diluer dans de l’eau bouillante et le tour est joué. C’est excellent mais attention parce que la qualité peut grandement varier (hélas !) suivant à qui on l’achète.
- Des Oundé-oundé, des boules sucrées à la noix de coco dont nous sommes plutôt friands, après avoir été convertis en Thaïlande.
Nous les achetions au marché, toujours au stand de ces dames.
Maisl il y avait aussi des snacks somme toute anecdotiques :
- Des bananes frites que l’on trempe (évidemment) dans de la sauce piquante. Typique de ce que les gens dégustent en prenant un verre à l’extérieur. En l’occurrence lesdits verres sont souvent des boissons très sucrées, typiques également, dont je n’ai hélas ni nom ni photo, tant pis pour vous.
- Une sorte de snack au lait de coco (enfin je crois) emballé dans une feuille de bananier, comme beaucoup de choses en Asie du Sud-Est. Vraiment pas terrible et de loin le moins bon snack à la coco que j’ai pu goûter au fil de Mon Périple.
- Un corossol, fruit tropical que j’ai découvert sur place et que je n’ai mangé qu’une seule et unique fois.
Manger à l’extérieur
Si les options pour manger sont limitées dès lors que l’on cuisine, vous vous doutez bien que c’est aussi le cas si l’on veut manger à l’extérieur. Mario nous explique avec entrain que Baubau se modernise et que le reste de son pays ne devrait plus considérer cette ville comme une ville de ploucs : ils ont désormais un KFC et même un Pizza Hut.
De notre côté nous passons notre tour : d’abord parce que nous voulons absolument manger local et ensuite par rapport à KFC parce que Giang est végétarienne, et KFC ne propose AUCUNE alternative sans viande. Bon en même temps il y a le mot poulet dans le nom de l’enseigne donc ils jouent carte sur table d’entrée de jeu (notez les deux expressions combinées qui vont parfaitement de “paire”, la classe totale).
Qu’à cela ne tienne Étienne, Mario nous dit qu’il connait un petit boui-boui avec option végé et qu’il y a déjà amené une amie végétarienne qui avait validé le truc. Nous voilà donc rendus dans ledit boui-boui et là-bas le système est très simple : la dame prend alors une sorte de corbeille qu’elle recouvre d’un papier, soumet à validation la quantité initiale de riz qu’elle va servir puis remplit l’assiette à la demande, en piochant dans les différents plats devant elle suivant ce que l’on choisit.
Même si ça ne paye pas de mine, cela reste pas si mal pour Baubau et nous y sommes même retournés une ou deux fois de plus.
C’est également vraiment bon marché puisqu’une grosse assiette coûte à peine plus d’un euro par personne.
C’est vrai que je n’en ai pas trop parlé encore (ne vous inquiétez pas j’en parlerai au moment d’aborder les marchés ) mais tout était quand même très très bon marché à Baubau, en tout cas pour nous. Sachant que nous étions logés et nourris (même si nous avons bien participé et proposé de le faire à chaque fois), nous n’avons quasiment rien dépensé. L’immense majorité de nos dépenses aura été… les 3 avions aller qu’il a fallu prendre pour se rendre sur l’ile depuis la Malaisie et les 4 suivants pour aller aux Philippines.
Une fois encore mon empreinte carbone s’aggrave, désolé chère planète Terre !
Une autre fois nous sommes allés manger à l’extérieur et j’ai pu y manger quelque chose d’un peu différent, mais pas trop quand même faut pas pousser. Je me suis alors dit : « Ah zut ça va casser ma tentative de manger du riz tous les jours pendant un mois (et même presque à chaque déjeuner et diner !) ». Mais non, Mario m’a bien confirmé qu’il y avait quand même du riz à l’intérieur du plat, me voilà rassuré mais pas trop surpris.
Bonus : la recette du Sambal
Une spécialité de l’Indonésie et de la Malaisie dont je n’ai pas parlé, c’est le sambal. C’est une préparation à base d’ail, d’oignons, de tomates et surtout de piments ! Eh oui les Indonésiens mangent pas mal pimenté mais ne font pas cuire le piment dans le plat principal, ce qui est toujours plus sympa si vous n’avez pas la même tolérance qu’eux.
Ça pique pas mal et j’en suis très friand : j’en ai mangé là-bas à quasiment tous les repas. Déjà que je m’étais préparé un peu à manger pimenté en France avant de partir voyager, je suis désormais ceinture orange de piments. Pas encore au niveau d’un local mais clairement suffisamment aguerri pour encaisser sans broncher. Le guerrier franco-indonésien ultime quoi.
Comme je suis quand même un chic type, je vous partage ici la recette de Since, la mère de Mario. Attention certains ingrédients nécessiteront sûrement d’être remplacés par vos équivalents locaux.
Ingrédients :
- 25 petits piments
- 3 petits oignons à couper grossièrement en quartier
- 2 gousses d’ail
- 2 petites tomates à couper grossièrement en quartier
- 1 cuillère à soupe de sel
- 1 petite cuillère de sucre de canne
- 1 cuillère à soupe d’huile de coco
Mixez le tout (ou broyez-le dans un mortier) jusqu’à ce que ça donne une pâte un peu liquide avec encore des petits morceaux.
Faites chauffer 4 cuillère à soupe d’huile de coco dans une poêle et cuisez votre mixture pendant environ 5 minutes, en faisant évaporer l’eau, jusqu’à obtenir une jolie purée bien rouge, promesse d’un accompagnement délicieusement pimenté.
Vous pouvez le conserver quelques jours. Bon appétit, mais attention ça pique !
Au passage, quand je vous disais que les Indonésiens aimaient beaucoup la sauce pimentée, visez-moi un peu le rayon du supermarché qui leur est dédié :
Une info qui vaut son lot de piquant, assurément.