La vie à Baubau : se déplacer à vos risques et périls
Ah là là, l’Asie du Sud-Est c’est vraiment un endroit où les deux-roues sont incontournables. Et comme à Baubau on est sur une ile aux jolis paysages et qu’il fait quand même souvent beau et chaud, ça devrait être sacrément le pied de se déplacer de la sorte non ?!
Eh bien comme toujours, il y a une grosse différence entre la théorie et la pratique.
Double-moi si tu peux
Parce que oui, circuler en deux-roues à Baubau relève davantage de la survie que du plaisir. Au début je me suis dit que au moins c’était cool ça me faisait penser au Vietnam. Mais en fait réflexion faite c’était même encore pire, c’est dire ! Là-bas non seulement la notion de sécurité n’est pas présente dans l’esprit collectif (je vais en parler juste après) mais il semblerait que tout le monde se soit passé le mot pour éradiquer complètement le concept de distance de sécurité.
À chaque fois (et je dis bien à chaque fois) que je laissais un peu de marge entre le conducteur de devant et mon scooter, tout le monde s’empressait de vouloir absolument et à tout prix se faufiler dans le petit espace vacant.
Ça en devenait limite oppressant, c’était vraiment particulier comme sensation et pas agréable du tout.
Un autre délire aussi c’est que Baubau c’est vraiment le seul endroit que j’ai vu jusque-là où les deux-roues (et pas des grosses motos puissantes hein) doublent systématiquement les voitures. Mario, mon hôte indonésien, n’échappe pas lui non plus à cet instinct primaire local et semble vouloir à tout prix doubler l’intégralité des véhicules qui sont devant nous, même s’il y a d’autres véhicules qui arrivent en face et même si sa moto n’est pas si puissante que ça pour doubler rapidement les autres véhicules.
Et aussi même si nous sommes derrière lui et que nous le suivons tant bien que mal, il ne saurait se résoudre à échapper à cette pulsion au risque de nous perdre, et doit donc régulièrement ralentir voire s’arrêter sur le côté pour nous attendre. Le bon truc qui sert à rien quoi, en plus d’être relativement dangereux. En plus de ça ses clignotants ne fonctionnent qu’une fois sur mille, bref un gros délire sur toute la ligne.
Similitude aussi avec le Vietnam, on peut tout à fait rester en deux-roues pour faire son marché :
Il ne pleut pas si souvent que ça à Baubau, mais quand c’est le cas il s’abat alors beaucoup d’eau. Vous vous doutez bien que les routes ne sont clairement pas dans leur meilleure forme et donc que l’écoulement de l’eau n’est pas toujours optimal. Remarquez ça fait un peu explorateur c’est toujours ça de pris.
Vous l’avez déjà deviné mais le code de la route est clairement différent là-bas, voire inexistant ? Peut-être pas si sûr que ça. En tout cas ils semblent avoir leur propre code parce qu’un jour, alors que nous roulons (côté gauche de la route en Indonésie), Mario s’arrête d’un coup sur le côté. En face de nous arrivent alors de nombreux deux-roues. Quand je demande à Mario pourquoi diantre il s’arrête, il me répond tout simplement :
« C’est dans notre culture de les laisser passer. »
Complètement zinzin ! Les mecs n’ont aucun sens de la sécurité mais par contre s’arrêtent sans complexe quand il n’y a pas vraiment de raison valable pour ça. Lunaire j’ai envie de dire.
Bon tout n’est pas noir non plus et parfois nous pouvons voir des choses rigolotes qui me font aimer la ville de Baubau.
En plus de ça je vous ai pas raconté mais le scooter que j’utilisais était pas dans sa meilleure forme. Du coup j’étais obligé de le démarrer puis d’enlever les clefs du contact parce que sinon il y avait un bon risque qu’elles tombent du scooter, ce qui est arrivé une fois d’ailleurs.
Pas le plus sécure tout ça me direz-vous. Eh bien justement, parlons-en de la sécurité.
La sécurité routière
J’ai déjà pu le constater partout où j’ai conduit en Asie du Sud-Est depuis le début de mon périple, la sécurité n’est clairement pas au centre des débats, ni même vraiment sur les côtés.
Vous voulez des exemples concrets ? Mario mon hôte portait son casque mais ne l’attachait jamais. Quand je lui faisais remarquer que du coup ça servait à rien, il me disait d’un ton détaché que c’était pas grave, qu’il fallait pas que je m’en fasse pour ça. Peut-être est-ce aussi dans leur culture ? Allez savoir.
Tenez regardez, sur la photo ci-dessous, la mère de Mario s’apprête à partir pour l’église et monte en amazone (comme beaucoup de femmes dans cette région du monde, surtout quand elles portent une jupe) et sans casque. Une autre fois où on allait partir en les suivant sur la route, elle nous avait clairement dit : « Pas besoin, pas besoin » en parlant du casque.
Une constante également c’est que dans le cas où il n’y a qu’un seul casque, c’est bien souvent le conducteur qui le porte, même si les passagers sont des enfants.
Parfois même en pleine campagne on peut croiser des conducteurs qui sont quand même relativement dangereux à doubler parce que plutôt chargés.
La même observation s’applique également en plein centre-ville, avec différents types de cargaison.
Mais bon après tout des fois ça fait quand même du bien de ne pas suivre les règles de chez nous à 100 %. Comme le fait de se trouver avec nos valises à l’arrière d’un pick-up, le jour de notre départ.
Rouler doucement à l’air libre de bon matin, y’a que ça de vrai mes agneaux, c’est moi qui vous le dit.
Faisons le plein
Bon c’était un peu la même situation en France au moment où j’étais à Baubau, mais sachez que pour une ville de cette taille (150 000 habitants), on ne dénombrait pas beaucoup de stations-service, seulement quatre d’après Mario, si j’ai bien compris ce qu’il m’a dit. Mais ça je peux un peu le deviner parce qu’en fait il y avait TOUJOURS la queue pour faire le plein et nous attendions en moyenne 20 minutes pour obtenir le précieux carburant.
Au début je ne comprenais pas parce qu’à chaque fois il y avait une pompe qui n’était quasiment jamais utilisée par les conducteurs, seulement par 1 conducteur sur 300 peut-être. Mario m’a répondu tout simplement qu’il s’agissait d’un carburant d’un peu meilleure qualité (selon le distributeur d’essence en tout cas) et donc plus cher, presque 1,5 fois le prix normal. Payer ou attendre, le choix était vite fait pour Mario et l’écrasante majorité des habitants de Baubau.
Kéké Land
Si l’aspect conducteurs fous de deux-roues m’évoquait pas mal le Vietnam, le côté kéké des gens là-bas me rappelait clairement la Malaisie et tous ses Jacky en voiture. À Baubau on retrouve la même tendance avec un gros penchant pour les pots d’échappement qui font du bruit, beaucoup beaucoup de bruit. Et ce sur tous types de véhicule.
Un soir je marchais tranquillement dans la rue et j’ai entendu un bruit de fou, un bruit de pot de compét’. Je me suis dis :
« Wow, c’est quel genre de moto qui peut bien faire tout ce boucan ? ».
Que nenni les amis, il s’agissait tout simplement d’un camion de chantier, dans le plus grand des calmes. Enfin calme ça reste relatif.
À Baubau tout véhicule est bon pour le tuning, même les vans :
De la même façon, tout véhicule est à considérer quand il s’agit de le customiser. Et pourquoi pas le décorer avec des néons du plus bel effet kéké ? Sur ce cliché un peu flou (désolé c’est pas facile avec un smartphone la nuit) vous avez donc le combo gagnant absence de sécurité pour les enfants + néon de kéké. La parfaite recette locale pour se la péter comme il faut.
Circuler à pieds
Bon beh Benji, du coup si c’est galère de circuler en deux-roues, t’as qu’à y aller à pied toi qui aimes bien marcher ! C’est pas faux. Sauf que déjà suivant les routes les trottoirs sont quasiment inexistants, mais quand c’est le cas il faut vraiment regarder où l’on marche sans quoi on pourrait très facilement se casser la jambe. Ce qui ne serait clairement pas le pied.
Et ça c’est quand il y a des trottoirs parce que ça arrive très souvent qu’il n’y en ait tout simplement pas du tout et que l’on se retrouve obligé de marcher sur la route.
Rassurez-vous, même s’il y a pas mal à redire sur le trafic routier, explorer les environs de Baubau c’était très chouette et plein de magnifiques endroits. Ce que vous aurez évidemment l’occasion de découvrir dans les prochains articles, bien entendu !