La vie à Baubau : Hey Mister ou le début de la célébrité
En Malaisie, ma p’tite tête d’intrus blanc européen ne passait pas toujours inaperçu.
Par contre à Baubau, je suis carrément propulsé au rang de superstar !
Hey Mister !
En effet, à Baubau les touristes sont rares, très (très) rares. D’abord parce que c’est vraiment une destination paumée par rapport aux autres destinations très populaires d’Indonésie, comme Bali par exemple. À cela Il faut ajouter le fait que pour s’y rendre il faille prendre plusieurs avions, à des prix un peu élevés. La somme de ces conditions fait que du coup les touristes sont vraiment très très rares sur l’ile.
Et ça je l’ai ressenti direct. Si en Malaisie quelques fois des gens pouvaient me saluer, là-bas c’est carrément tout le monde qui le fait, peu importe l’endroit où je me balade. La convention adoptée localement semble définir qu’un homme étranger se fera donc appeler “Mister” (Monsieur pour les plus anglophobes d’entre vous). Pour les femmes je ne sais pas du tout parce que Giang a une tête d’asiatique et tout le monde la pensait Indonésienne donc personne ne la saluait. Partout où j’allais et à toute heure de la journée, au moins une personne sur deux me gratifiait d’un « Hey Mister ! » accompagné d’un large sourire. Les gens de Baubau sont vraiment très accueillants y’a pas à dire.
Tenez une autre anecdote que Mario m’a racontée qui prouve leur engouement pour les étrangers. Une fois Mario s’est rendu avec des amis étrangers sur une petite ile encore plus paumée que Baubau. Comme c’est souvent le cas (moi ça m’a arrivé en Malaisie et en Indonésie ), les étrangers sont généralement conviés au mariage. Du coup tout le monde était au taquet et voulait absolument se prendre en photo avec eux, quitte à éclipser les mariés qui n’étaient du coup plus si intéressants ! J’aurais bien aimé voir la tête des pauvres mariés qui devaient être partagés entre joie et déception, les pauvres !
Il y a quand même des fois où je n’ai pas compris comment les gens pouvaient reconnaître que j’étais un touriste : par exemple la nuit quand je marchais, j’entendais parfois dans mon dos des conducteurs de scooter me saluer au moment de me doubler. Mario me disait que c’était peut-être le fait que je porte un short qui leur mettait la puce l’oreille. C’est vrai qu’une grosse majorité des habitants là-bas portait un pantalon, même par grosse chaleur.
Qui dit ne pas passer inaperçu dit que certaines personnes veulent également se prendre en photo avec moi, alors que je ne leur ai même pas parlé. Tenez par exemple, alors que nous faisions du camping sur l’ile de Siompu , j’étais tranquillement en train de somnoler sur la plage.
Des jeunes filles qui campaient un peu plus loin étaient en train de se promener devant notre campement. Quand elles m’ont aperçu, elles ont demandé à quelqu’un si c’était possible de prendre une photo avec moi, alors que clairement je n’étais quasiment même pas éveillé. Bon après elles ont quand même pris quelques clichés avec une jeune Indonésienne qui était de notre groupe donc je n’étais pas LE cas isolé, mais bon c’était quand même cocasse comme situation.
Après tout peut-être qu’elles ne voyaient jamais d’étranger ou tout simplement qu’elles me trouvaient à leur goût ?
Handsome man
oujours pour les plus anglophobes d’entre vous, “Handsome man ça veut dire “bel homme”. Eh oui, si j’avais pu avoir des regards qui me laissaient un peu perplexes par rapport à ce qu’évoquait ma tête en Malaisie, ici j’ai carrément la côte et ça c’est une certitude.
Comment je peux en être aussi sûr vous allez me dire ? Eh bien tout simplement parce que plusieurs personnes me l’ont signifié de vive voix. Bon OK des fois il pouvait s’agir d’hommes ayant la cinquantaine mais tout de même, ils n’hésitaient clairement pas à me dire que j’étais beau-gosse et que j’avais du style.
Enfin un pays qui a du goût et où les habitants savent faire preuve d’un peu de bon sens !
Une fois je faisais mes courses tranquillement dans un supermarché, enfin plus précisément dans LE centre commercial de Baubau (j’étais chanceux Mario habitait juste à côté). À mon passage, alors qu’elle était en train de discuter avec ses collègues dans un rayon, une jeune vendeuse m’a alors lancé bien fort:
« Hello, you are beautiful, I love you ! » (Bonjour, vous êtes magnifique, je vous aime).
Le tout avant de glousser très fort avec ses collègues. Des fois je me demande ce qui se serait réellement passé si je m’étais retourné pour aller la voir, elle aurait certainement été très embarrassée honte ah ah !
Enfin avoir une photo avec un étranger, c’est comme je l’ai dit clairement quelque chose qui plait à la populace du coin. Tenez la photo de couverture de cet article c’est Since, la mère de Mario, qui a insisté pour la prendre avec ses amies de l’église que je venais alors tout juste de rencontrer, à l’occasion de cette photo.
La mignonne jeune fille que vous voyez ci-dessous qui porte la robe rose avait à notre arrivée exprimé auprès de Mario sa volonté de prendre une photo avec moi.
Vous me connaissez j’ai le cœur sur la main, je n’ai donc pas pu refuser l’occasion de faire plaisir à une autochtone.
Alors que ses copines ont été trop timides pour participer à la photo, cette jeune fille ne s’est pas démontée et après avoir fini son assiette a pu avoir sa photo avec moi. Expérience doublement inoubliable pour elle puisque les gens de Baubau ne sont pas tactiles du tout et que moi je l’ai légèrement enlacée avec mon bras, ce qui l’a faite un peu pouffer.
En parlant de beau-gossitude : sur cette photo je porte une chemise en Batik, l’habit traditionnel indonésien aux motifs colorés, qu’on peut mettre à la fois dans la vie de tous les jours, au boulot ou même pour les grosses occasions, comme ici pour un mariage. Je trouve que ça me va drôlement bien tout de même et là où je suis refait c’est qu’au moment de partir, la famille de Mario a tenu à nous offrir des habits en Batik en guise de cadeau. Les chemises qu’ils m’avaient proposées ne me plaisaient pas tant que ça et j’avais alors dit que clairement si je devais choisir je prendrais celle que je portais au mariage et que j’aimais beaucoup. Aucun souci, ils m’en ont alors fait cadeau et j’en suis très content. En fait quand je dis “ils”, je devrais plutôt dire Gisco, le beau-frère de Mario, puisque cette chemise était à lui. Quand je lui ai demandé si cela ne le dérangeait pas, il m’a répondu en riant qu’il n’y avait aucun problème et qu’il en avait plein de toute façon.
La générosité des habitants de Baubau est quelque chose que je n’oublierai pas.
L’heure du bilan
Alors si je devais faire un peu le bilan de cette expérience de forme de célébrité je dirais que c’était quand même très sympa à vivre. Avoir tout le monde qui vous interpelle gaiement et vous salue en permanence, on connait pire comme situation. Cela étant, parfois si on est fatigué ou simplement de mauvaise humeur ça peut s’avérer somme toute un peu pesant.
De toute ma vie je n’ai jamais souhaité être célèbre parce que j’ai toujours considéré que cela sous-entendait trop de contraintes et enlevait même la possibilité de simplement pouvoir se balader tranquillement. Bon je n’ai pas non plus créé de mouvement de foule (c’est pas plus mal vous me direz) mais j’ai eu un échantillon suffisamment conséquent de ce que ça pourrait bien faire d’être connu. Et ça, non merci je passe mon tour et je le laisse aux personnes en manque d’amour propre et/ou de reconnaissance !