Baubau Festival
Figurez-vous que fin limier et tacticien que je suis, mon séjour à Baubau est tombé par hasard pendant un événement annuel incontournable pour la ville : je veux parler du festival de Baubau.
Répétition tous les jours
Avant de m’y rendre, je n’en connais pas grand chose de ce festival. Je sais simplement que Liebe, la nièce de Mario mon hôte indonésien, y participe puisqu’ils en parlent de temps en temps à la maison . Après avoir enquêté un peu en posant des questions à la ronde, je sais également que ce festival est assez ancien puisque la mère de Mario y a elle-même participé quand elle était jeune, tout comme Mario.
En outre, je sais aussi que pour préparer le festival, les participants répètent au moins un mois à l’avance (voire plus), et ce tous les jours voire même pour certains tous les soirs. J’en veux pour preuve que nous croisions parfois des lycéens en train de marcher en rang sur les bords de route à proximité des établissements scolaire. J’entendais aussi des coups de sifflet un peu partout quand je me promenais en ville, de jour comme de nuit, sans jamais vraiment trop savoir de quoi il retournait.
Tout vient à point à qui sait attendre et le jour du festival arriva enfin.
Jalan !
Pour être plus précis, je devrais dire l’UN des jours du festival puisque celui-ci se déroule en réalité sur plusieurs jours. Aujourd’hui nous y allons parce que c’est le jour qui nous intéresse le plus : c’est celui où Liebe va participer. Nous nous rapprochons le plus possible du centre-ville avant de devoir garer nos deux-roues sur le parking de l’église de Mario, faute de pouvoir circuler plus loin à cause de la foule.
Une fois arrivés sur place s’offre alors un spectacle tout nouveau pour votre blogueur préféré : celui d’enfants habillés d’uniformes de toutes les couleurs, en train de marcher au pas au rythme du sifflet de l’élève qui semble être le chef de groupe. Ça donne une sorte de mélange entre ambiance militaire et carnaval, ce qui m’amuse beaucoup. Les enfants ne s’amusent visiblement pas autant que moi, si j’en crois leur air sérieux et concentré.
Je vous laisse un peu juger par vous même le délire de la chose et pour info : « Jalan » ça veut dire à la fois rue mais aussi marche/marcher.
Au fil de nos déambulations nous croisons donc de nombreux groupes d’enfants, à chaque fois dirigés au son du sifflet par l’un des leurs.
Parfois on peut aussi voir des lycéens habillés comme ce qui s’apparente à des majorettes ou des personnages de Casse-Noisette, mais aujourd’hui c’est surtout le jour du défilé des enfants.
La plupart des enfants marchent simplement au pas mais certains ont carrément des petites chorégraphies et/ou des cris de ralliement, qui rendent plutôt pas mal en indonésien.
Le concept du festival est somme toute très simple : les enfants paradent toute la journée à travers la ville jusqu’à arriver au point culminant : le passage devant le maire qui siège sur une estrade. Il s’agit en fait d’une sorte de concours puisque à la fin de la journée seront élus les meilleurs d’entre eux, sur des critères qui me sont inconnus. Toutes les écoles de la ville concourent et chacune arbore un uniforme différent.
Ce que gagnent les vainqueurs ? Apparemment rien, si ce n’est un peu d’apport à leur capital fierté, c’est déjà ça.
Mario regarde certains groupes qui sont assis par terre d’un air amusé : de son temps il n’était certainement pas question de s’asseoir, il fallait rester debout en permanence, à la dure.
Si j’en crois certains regards troublés, ma présence semble déconcentrer un peu certains groupes qui font pourtant tout leur possible pour rester impassibles, comme ils sont supposés le faire. Eh oui, à Baubau je suis un peu une célébrité !
Certains parents m’arrêtent et souhaitent me prendre en photo à côté de leur enfant. Le paroxysme de cette célébrité c’est clairement le moment où nous passons en-dessous d’un muret où sont assis de nombreux collégiens. Mon passage déclenche de nombreux cris de leur part et même une certaine ovation, à grands cris de « Heyyyyyy Mister ! ». Décidément Baubau ça déchire !
Mais l’heure tourne et nous n’avons toujours pas accompli notre mission du jour.
Mission Liebe
Le titre de cette section aura fait tomber le suspense : tout l’intérêt pour nous était de trouver où était Liebe, histoire de voir son costume et ce que son groupe avait préparé pendant toutes leurs répétitions. Cela dit nous ne sommes pas censés rester trop longtemps : Giang a une réunion de prévue et nous avons dit à Mario que nous voulions simplement nous rendre au festival pour une petite heure.
Nous nous mettons alors en quête de Liebe en remontant la longue, très longue file d’enfants qui défilent. Nous savons simplement qu’elle porte un béret rose, ce qui la distingue déjà pas mal du reste des participants. Mario triche un petit peu en utilisant le coup de fil à un ami en contactant sa sœur Gita, qui suit sa fille pendant toute la journée et se charge de lui donner à boire et à manger tout au long du parcours.
Nous trouvons enfin Liebe et son groupe de camarades de classe, qui ont toutes l’air très sérieuses et concentrées. Je prends évidemment quelques photos de son groupe avant d’interpeller Giang pour partager ce que j’ai en tête. Inutile de se répandre en explications : elle pense exactement à la même chose que moi.
Eh oui, Liebe a l’air bien trop sérieuse à notre goût, nous qui la connaissons blagueuse, rieuse et espiègle. Nous décidons donc de faire tout notre possible pour prendre des clichés débiles, histoire de la déconcentrer le plus possible !
Et ça marche !
Hélas telle Cendrillon, l’heure pour nous de partir arrive bien trop vite et nous prions Mario de rentrer avec nous. Quand nous arrivons à l’église pour récupérer nos deux-roues, Mario se fait interpeller par un de ses paroissiens et j’imagine qu’il est trop timide pour couper court à toute discussion ou alors qu’il avait vraiment pas mal de trucs à lui dire. Le résultat reste le même : Giang est en retard pour son entretien individuel avec son n+1 et il est impossible de rentrer sans Mario qui non seulement a les clefs mais reste aussi et surtout le seul à connaitre la route.
C’était en tous les cas une expérience complètement funky et colorée, c’est le moins que l’on puisse dire. Plus de peur que de mal de toute façon puisque le n+1 de Giang était carrément plus en retard qu’elle.
Décidément tout le monde semblait s’être mis au diapason du concept indonésien de la ponctualité.