Josh : l'hôte au cœur d'or
Faute d’avoir pu le faire plus tôt, la Malaisie sera la première fois que Giang et moi utiliserons le système Workaway.
Qu’est-ce que Workaway ? C’est un système d’échange entre des hôtes et des voyageurs. Les hôtes acceptent d’accueillir les voyageurs (chez eux le plus souvent) et de leur fournir tout ou partie des repas quotidiens, selon leur mode de fonctionnement. En échange les voyageurs doivent travailler un peu. Les missions sont diverses : ça va de l’aide à la ferme au cours d’anglais, en passant par la rédaction de certains contenus en ligne parce que certains hôtes peuvent être responsables d’auberge de jeunesse par exemple.
C’est par ce biais là que nous rencontrons Josh, notre hôte génial qui me manque déjà beaucoup.
Rencontre au Kafe Kleptokrat
La rencontre a lieu au Kafe Kleptokrat, en plein coeur de Kuala Lumpur. Il s’agit d’un café/hôtel plutôt sympa et un peu particulier, à l’image de la piscine en plein milieu du café. D’ailleurs la piscine venait juste de rouvrir mais rassurez-vous, l’usage est réglementé et il est interdit de faire trop de bruit ou d’éclabousser tout le monde. De manière générale la baignade est plutôt préconisée pour les pensionnaires de l’hôtel après la fermeture du café.
Mais bref, alors que nous sirotons un petit café au bord de la piscine nous recevons un message de Josh qui nous informe qu’il est là et qu’il nous attend pour le rencontrer.
Ce jour-là il est accompagné de deux de ses amis : Ken et Azeril. Ken, tout comme Josh est malaysien d’origine chinoise alors qu’Azeril est un pur produit malaisien, avec la peau plus sombre et les traits du visage différents. Je souligne ce point parce que même si la Malaisie est un carrefour culturel entre Malaisiens, Chinois et Indiens (comme j’en parle dans mon article sur Kuala Lumpur ), les gens ne se mélangent plus comme avant, selon les dires de nos nouveaux amis, qui font le constat que leur pays devient de plus en plus intégriste .
Le courant passe déjà très bien entre nous tous et nous blaguons et échangeons gaiement autour de tout et de rien, mais surtout des voyages respectifs de chacun. Ken me fait déjà beaucoup rire avec son ton sarcastique. Il me fait clairement penser à un Sheldon Cooper asiatique (de la série The Big Bang Theory pour ceux qui connaissent). Je suis également un peu surpris parce qu’Azeril connait plein de trucs sur le foot européen et même l’équipe des Girondins de Bordeaux, dont il aime le logo au scapulaire blanc. J’aurais l’occasion de m’apercevoir tout au long de mon voyage en Malaisie que les footballeurs français sont vraiment très populaires. J’irais même jusqu’à dire que je suis sûr que Mbappé est plus connu dans le monde que Macron.
Mais l’heure n’est pas au ballon rond mais plutôt à la découverte du Kleptokrat Hotel lui-même. En effet Azeril qui travaille dans une agence de communication est venu “inspecter” un peu les lieux. Selon Josh, il a fait un véritable tour de magie sur les réseaux sociaux pour rendre ce lieu populaire, notamment en invitant des influenceuses célèbres. Beurk, désolé mais moi je déteste ce mot et tout ce qu’il représente. Mais bon on va pas reprocher à Azeril d’avoir bien fait son boulot.
Ce jour-là il nous propose de nous faire visiter ledit hôtel pour que nous lui donnions notre avis là-dessus en tant que voyageurs étrangers.
Nous visitons donc l’intégralité de l’hôtel et rentrons dans plusieurs chambres différentes. En fait c’est plutôt une sorte d’auberge de jeunesse/backpacker : les chambres sont modestes et parfois les salles de bains et toilettes sont en commun. Nous découvrons même certaines chambres minuscules, qui font clairement penser aux hôtels capsules du Japon.
Sans moi merci !
Il est temps de se quitter mais j’aurais l’occasion de revoir Azeril une fois de plus et Ken un tas d’autres fois : il sera toujours de la partie lors des (nombreux) repas conviviaux qui suivront.
J’apprends alors mon premier mot en malaisien : jom, qui veut dire : allons-y. Nous embarquons dans la petite voiture de Josh qui tout fier met du… Lara Fabian ! Il me dit que c’est clairement sa chanteuse préférée et qu’elle a une voix magnifique. Ça me parait lunaire qu’il la connaisse et je ne m’en suis toujours pas remis !
Josh, en bon Malaisien qu’il est, adore conduire. C’est chouette parce qu’il nous trimbalera partout et nous fera voir du pays.
Qui sont Josh et Ramita ?
Josh et sa compagne Ramita vivent avec Coco leur petit chien à Shah Alam, la capitale de l’état de Selangor, située à 30 kilomètres de Kuala Lumpur.
Je n’ai pas encore eu trop l’occasion de parler de Josh. Et c’est un gros morceau ! Pas Josh, mais plutôt ce qu’il y a à raconter sur lui. Bon c’est vrai qu’il est bien dodu mais je vais vous expliquer pourquoi.
Le truc à retenir c’est que ces dernières années il a pas mal souffert le pauvre. Il travaillait avant pour une société de gestion de communication de crise. Il avait arrêté et décidé de monter une entreprise avec son meilleur ami. Tout ça jusqu’à ce qu’il se fasse complètement trahir et escroquer par son soi-disant ami, qui a même profité de la maladie de la mère de Josh. Parce qu’en effet oui, le père de Josh est décédé en 2019 et sa mère est maintenant atteinte d’Alzheimer et décline de jour en jour. Ajoutez à cela le fait que son ex-femme a fui en Australie avec leurs trois enfants et que son ex belle-famille a monté ses enfants contre lui au point que ces derniers ne lui parlent plus. Et tout ce que je vous raconte a eu lieu dans l’espace de trois ou quatre ans seulement. C’est visiblement la triste combinaison de tous ces évènements qui ont fait prendre beaucoup de poids à notre hôte. Jovial non ?
Et tout ça, Josh nous le raconte dans la voiture qui nous ramène à Shah Alam, seulement deux heures après l’avoir rencontré. Je pense qu’il a du sentir tout de suite qu’on s’entendrait bien (et qu’en plus on a clairement des bonnes têtes on va pas se mentir) et s’est livré à nous tout de suite. Wow que d’émotions pour une première rencontre !
Nous profitons également du fait d’être bloqués dans les embouteillages (typiques de Kuala Lumpur) pour accorder nos violons et mettre les choses au clair concernant notre mission de Workaway. Josh nous explique que tous les repas nous seront fournis et qu’avec lui il n’y aura pas beaucoup à travailller. Un petit coup quotidien d’aspirateur et de serpillère dans sa pièce principale, faire un bon nettoyage de la salle de bain et mettre un petit coup de peinture sur un mur.
Parfait : ça sera complètement compatible avec notre emploi du temps de télé-travailleurs.
Bon pour le coup on avait déjà trié au préalable les hôtes Workaway pour nos recherches : on a cherché quelqu’un avec le moins d’heures quotidiennes demandées et vu comment tout s’est déroulé à merveille, on ne le regrette clairement pas !
C’est l’heure du repas
Josh et Ramita (mais surtout Josh je pense) aiment beaucoup manger à l’extérieur. Et ça on le vérifie dès le premier soir quand ils nous emmènent dans un food court chinois.
Et comme souvent dans le but de nous régaler (et de se régaler eux aussi), ils commandent bien trop à manger.
Nous sommes allés plusieurs fois dans des méga food courts, abrités sous de grandes halles. Le choix est très large et la nourriture principalement issue de la cuisine chinoise ou malaisienne.
En fait Josh a aussi choisi de devenir un hôte dans le système de Workaway pour perpétuer ce que faisaient ses parents. Il nous explique qu’il y avait toujours du monde à la maison et que ses parents avaient le coeur sur la main (tout comme lui ça c’est acté). En bons chrétiens, ils œuvraient beaucoup pour la communauté : aide aux plus démunis, cours d’anglais, etc.
Josh s’est donc tout naturellement tourné vers ce dispositif pour continuer ce que ses parents ont commencé et remplir sa maison avec des étrangers et des voyageurs. C’est un homme qui respire la générosité et la joie de vivre, en plus d’être très intelligent et polyglotte. Il parle parfaitement anglais (il a étudié aux États-Unis plusieurs années), mandarin, malaisien forcément et aussi thaïlandais.
Parce que oui, Josh vit avec Ramita sa compagne thaïlandaise. Elle aussi a une histoire très triste : elle a grandi à la dure dans une ferme et on l’avait obligée à épouser quelqu’un qu’elle n’avait pas choisi. Mais son mari forcé n’avait lui même pas été consulté et ils ont mis un terme à leur mariage d’un commun accord.
Bon c’est clair que moi j’ai beaucoup moins de choses à raconter à propos de Ramita. Et ce pour des raisons très simples : elle ne parle pas très bien anglais et elle est très timide. Un détail rigolo que je n’avais pas remarqué tout de suite, c’est que si elle voulait nous transmettre une information, elle appelait alors systématiquement Giang au lieu de votre bloggeur préféré.
Apparemment c’est dans la culture asiatique que les femmes sont plutôt timides et s’adressent davantage aux autres femmes qu’à leurs homologues masculins. Avant le COVID, Josh et Ramita tenaient un restaurant thaïlandais qu’ils ont dû fermer comme vous l’avez déjà deviné. Un mal pour un bien apparemment puisque c’est beaucoup de boulot et qu’ils étaient extenués.
D’ailleurs à l’heure où j’écris j’ai pu suivre leur actu sur Facebook et voir qu’ils avaient monté un petit stand éphémère de nourriture thaï, dans un food court local. Mais rassurez-vous, faute d’avoir un restaurant ouvert j’ai quand même pu goûter la cuisine de Ramita et ses incontournables plats pimentés au curry.
Le temps de quelques emplettes
Pas un milliard de truc à dire sur les supermarchés mais j’ai pu remarquer là-bas qu’il y avait toujours une personne dont le rôle était tout simplement de peser les légumes. On avait juste à se présenter devant leur balance avec nos légumes dans des sacs plastiques.
D’ailleurs tant que j’y suis mention spéciale à cette dame qui m’a vu galérer à fond pour ouvrir justement un de ces sacs plastiques. Vous savez ceux pour mettre les légumes dedans, qui sont disponibles en rouleaux et qu’il faut réussir à “ouvrir”. Eh beh je n’y arrivais tout simplement pas et elle a visiblement eu pitié de moi et m’a tendu avec un sourire un sac plastique qu’elle avait déjà ouvert.
Grosse dédicace à catte dame donc, qui sera à l’image des habitants de ce pays, toujours très gentils et avenants avec moi.
Au passage je suis preneur si quelqu’un a le nom de ce que j’ai trouvé là-bas et qui semble être une maxi banane :
Un séjour humain
Josh nous aura trimballé un peu partout et avec lui on aura fait quelques rencontres bien sympas, comme César le “Workawayeur” mexicain hébergé par Ken, que j’aurais croisé plusieurs fois et notamment le temps d’une soirée sur fond de cuisine multiculturelle. Au menu : des plats thaïlandais, des rouleaux de printemps vietnamiens et du guacamole mexicain.
César nous aura également accompagné la fois où Josh nous aura emmené à Malacca, une ville incontournable pour les touristes mais qui m’a semblé bien claquée au sol si vous voulez mon avis. Lesdits touristes avaient l’air d’être au taquet devant un mur pitoyable et quelques inscriptions qui dataient du 16ème siècle mais moi ça ne me faisait ni chaud ni froid ni tiède. M’enfin ça aura quand même été une chouette journée passée en compagnie de César.
En parlant de Workawayers, Josh leur donne des numéros en fonction de leurs nationalités. Moi par exemple je suis French 3.0 et Giang Vietnam 1.0. En effet il a déjà reçu deux françaises avant moi et m’a raconté qu’il y en avait une avec laquelle il avait eu un peu de mal. Elle était très gentille mais son petit défaut c’est qu’elle se levait… à 17 heures ! Alors qu’elle était hébergée chez quelqu’un !
Moi je n’aurais jamais osé faire ça. D’ailleurs j’ai la preuve que le courant est super bien passé entre nous quatre. C’est que nous sommes désormais membres de la petite famille de Josh et Ramita, à l’image du commentaire qu’il a laissé sur notre profil Workaway à la fin de notre séjour.
Je traduis sommairement pour les plus anglophobes :
« Giang et Ben sont des Workawayeurs modèles ! Ils nous manquent déjà ! Le duo est tellement intelligent et plein de ressources, alors soyez préparés à avoir des conversations très intéressantes et stimulantes, sur tout et n’importe quoi : la culture, l’intelligence artificielle, la communication, le leadership, etc.
En tant que nomades digitaux, vous les verrez rarement en train de glandouiller mais plutôt toujours occupés par leur boulot ou vous aidant ou accomplissant leurs tâches et plus. Giang et Ben font de super rouleaux de printemps vietnamiens, que vous devez absolument goûter, si vous pouvez les aider à obtenir les bons ingrédients.
De plus, si vous avez besoin de quelqu’un pour vous donner des idées, vous donner un retour honnête et pertinent, par exemple si vous avez besoin d’avis sur la page internet ou Facebook de votre commerce pour déterminer si elle est bonne ou non, vous pouvez compter sur ces deux, qui sont tatillons avec la justesse de l’information. Nous sommes tout simplement honorés de les avoir hébergés et nous les recommandons au plus haut point.»
Ça fait clairement plaisir et je dois dire que nous pensons la même chose d’eux. C’est quelqu’un que je voudrais revoir à coup sûr dans ma vie, et je ferais tout pour que ça arrive. Merci à Josh et Ramita de nous avoir accueilli dans leur foyer et de nous compter désormais comme membre de leur petite famille.
Bonus musical
Josh c’est aussi un excellent musicien : chanteur, guitariste et apparemment batteur et bassiste voire pianiste, si j’en crois ses derniers posts sur les réseaux sociaux.
Il y a quelques années (et quelques kilos aussi !) il a participé à une comédie musicale où il a obtenu le rôle principal. Six mois de travail et de répétition pour obtenir à la fin le titre de comédie musicale de l’année en Malaisie. Je vous laisse un petit extrait. Prospero c’est le nom de son personnage et Everworld le nom de la comédie musicale.