Pulau Ketam : l'ile au crabe

A riverside village with wooden stilt houses and boats moored along the banks under a partly cloudy sky.

Josh, mon hôte de Shah Alam a pour habitude d’emmener ses invités sur la petite ile de Pulau Ketam, située à une trentaine de kilomètres de chez lui.

Pulau Ketam, qui signifie littéralement “ile du crabe” en chinois mandarin, est une petite île de 23 km². Colonisée vers 1880, elle est surtout connue pour ses “maisons flottantes” qui sont suspendues de un à dix mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle compte actuellement environ 6 500 habitants, soit 3 fois moins que dans les années 1980. La plupart des jeunes retournent ainsi sur le continent et notamment à Kuala Lumpur , pour aller trouver du travail (merci Wikipédia pour ces précisions, vous êtes des frères).

Embarquons pour l’ile du crabe

Pour se rendre sur l’ile il faut prendre le ferry, sur lequel nous embarquons tous les cinq : Josh, Ramita sa compagne thaïlandaise, Giang, moi-même et… Coco, leur petit chien qui ressemble à un caniche et dont ils sont complètement gagas. Qui pourrait ceci dit leur en vouloir d’être gagas de leur animal de compagnie ?.

Small brown poodle sitting on the seat of a parked motorbike at a market, wearing a blue harness and looking at the camera.
Coco

Même si les chiens sont plutôt mal vus par les Malaisiens musulmans qui sont majoritaires dans le pays, ce n’est pas le cas de tout le monde, notamment les Malaisiens côté chinois. De fait Coco est une véritable petite star sur le pont du ferry, où la plupart des passagers viennent le prendre en photo, le caresser voire même le promener un peu. La belle vie quoi.

Branchez vos vélos

Une fois arrivés sur l’ile, nous patientons quelques minutes le temps que Josh s’entretienne avec le maire, parce qu’il doit préparer un voyage de groupe prochainement et essaye de négocier des bons tarifs. Une fois cette formalité expédiée, il est temps de louer des vélos électriques. C’est en effet le mode de déplacement principal sur l’ile, où aucune voiture ne circule. De toute façon il n’y a pas vraiment de route ni de station-service.

Apparemment le maire (ou le principal loueur de vélos électriques je ne sais plus trop, à moins qu’il ne s’agisse tout simplement de la même personne) avait flairé le truc quelques années auparavant et plebiscité à fond ce mode de transport, en négociant des prix à l’achat d’un grand nombre de vélos.

Je dois avouer que même si je préfère les vélos non électriques (parce que ça reste un comble de rajouter un moteur sur un véhicule qui n’en a pas besoin à la base), c’est super agréable de se balader sur l’ile avec. Ça ne fait pas de bruit et c’est parfaitement adapté aux routes étroites et différents pontons de bois.

Du coup c’est très plaisant et nous nous promenons un peu partout sur la petite ile en passant devant les maisons suspendues et très colorées.

Les artères principales sont composées de restaurants et petits commerces ouverts où l’on peut donc observer tout ce qui s’y passe et s’y vend, tout en restant confortablement juché sur son véhicule électrique.

Au fur et à mesure de la journée et de nos flâneries dans la petite ville, je me rends compte que Josh y connait décidément beaucoup de gens. Les raisons à cela sont multiples : c’est quelqu’un de très sociable et souriant, il parle plusieurs langues, se rend sur l’ile une fois par mois environ (et ne manque jamais d’y emmener ses Workawayers !) et aussi mais surtout, ses parents ont beaucoup œuvré pour l’ile.

Ne manquant jamais une occasion d’aider leur prochain, ils ont notamment donné beaucoup de cours d’anglais aux élèves de l’ile. Josh m’a expliqué que ses parents ont commencé leur bénévolat environ dix ans plus tôt. Selon lui, à cette époque seuls les pires enseignants étaient envoyés sur l’ile. Le travail des parents de Josh semble avoir porté ses fruits puisque cinq ans après le début de leur programme, les notes des élèves ont considérablement augmenté et l’équipe de basketball de l’ile est même arrivée première du championnat régional.

Comme quoi tout le monde peut arriver à faire des grandes choses, à condition qu’on leur en donne l’opportunité et le support nécessaires.

Mais le moment où je réalise pleinement que Josh est respecté et apprécié sur l’ile, c’est quand nous croisons par hasard la route d’Akyo.

Akyo

Qui est Akyo me direz-vous ? Eh bien selon mon ressenti de l’instant, Akyo est une sorte de bikeuse (mais sur un vélo électrique), au visage un peu sévère et à la coupe plutôt typé homme : rasée sur les côtés et petite queue de cheval. Josh me conforte un peu sur ma première impression en m’expliquant qu’Akyo est une ancienne grosse buveuse et surtout ex-gangster.

Parce que oui, Pulau Ketam étant une ile située juste avant la péninsule malaisienne, la drogue (notamment l’héroïne) y transitait beaucoup. Mais c’était avant justement que les parents de Josh ne commencent leur travail sur l’ile et ne le poussent à changer et évoluer dans le bon sens.

En même temps, est-on vraiment un gangster redoutable quand on se balade avec un petit canard en plastique tout mignon accroché à son guidon ?

Akyo est ravie de croiser Josh et tient à nous inviter à visiter un petit hôtel qu’ils sont en train de construire pour accueillir les touristes de l’ile.

C’est plutôt mignon comme endroit même si je ne comprends pas un mot de se qui se dit. Bon un truc que j’ai direct capté, Asie oblige, c’est que dans la salle de vie principale du petit hôtel, on peut évidemment y faire… du karaoké, il y a tout l’équipement nécessaire !

En prenant tranquillement le soleil à l’extérieur, une dame avec un autre petit chien nous rejoint. Elle est Vietnamienne et Giang peut donc de fait discuter un peu avec elle.

Elle lui apprend que sur l’ile résident pas mal de Vietnamiennes, mariées à des Malaisiens. Tout simplement parce qu’il s’agit de mariage arrangés par correspondance, ce qui me semble complètement d’un autre temps et d’un autre monde. Mais moi une fois encore je ne suis pas là pour juger mais pour profiter. Pourquoi je suis là alors me demanderez-vous ?

Eh bien tout bonnement pour accomplir la mission du jour ma p’tite dame.

Mais avant cela, nous prenons un petit rafraichissement dans un des cafés de l’ile. Au menu : cette boisson verte typique de l’ile, dont j’ai complètement perdu le nom mais qui ressemble un peu à du thé thaïlandais (très sucré) et des chips de crevettes.

Je me dis sur le coup que je n’ai jamais mangé des chips de crevettes aussi bonnes et c’est tout simplement parce qu’elles sont maison, cuisinées sur l’ile par les pêcheurs. Akyo en chouette gangster repentie qu’ele est, nous paye la collation.

La Malaisie c’était sacrément cool faut l’avouer, notamment parce que j’ai pas arrêté de me faire inviter à manger partout !

Une fois repus, nous attaquons la dernière partie de la journée sur l’ile : la mission.

Mission Mimi

En effet, Josh avait également une petite arrière-pensée quand il est venu sur l’ile. Il nous confie qu’il a un ami qui est fortement déprimé ces derniers temps. En venant chez lui et en jouant avec Coco, il aurait apparemment mentionné que peut-être qu’avoir un chien lui remonterait le moral. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd et Josh, tel le gros nounours plein d’empathie qu’il est, s’est mis en tête de lui acheter un petit chien similaire.

Telle la personne pas dupe qu’il est également, il s’est aussi dit que si jamais son ami changeait d’avis, sûrement qu’il garderait le chien pour lui, histoire de permettre à Coco d’avoir un compagnon canidé.

Nous partons donc à travers un dédale de maisons suspendues reliées à l’aide de passerelles de bois qui n’ont pas l’air si solides : ça fait un peu aventure, c’est déjà ça.

Enfin nous atteignons la maison des gens qui élèvent lesdits petits chiens.

Somme toute la mission ne prend pas plus de trente minutes et nous repartons déjà avec un petit chien, qui sera baptisé plus tard Mimi.

Il faut partir à point

Après cette mission rondement menée, l’heure tourne et Josh commence un peu à s’inquiéter. Ce à quoi Akyo lui dit tout simplement de ne pas s’inquiéter et que non, nous n’allons pas rater le ferry. Josh lui fait confiance et nous en profitons pour prendre évidemment une petite photo de groupe, je suis bien rôdé sur ce point.

Si vous regardez attentivement la photo de groupe, vous pourrez observer qu’Akyo porte un short du PSG : comme quoi le football et les joueurs français sont vraiment mondialement connus, c’est dingue.

Il est déjà temps de dire au revoir à Akyo et à ce jeune garçon handicapé que je n’ai pas mentionné mais que nous avons croisé toute la journée partout sur l’ile, à chaque fois tout sourire. Josh, en homme généreux qu’il est, lui donnera d’ailleurs un bon pourboire supplémentaire en plus de la location du vélo : c’est vraiment un chic être humain.

Juste avant d’embarquer dans le ferry, Akyo adresse quelques mots à la personne qui semble responsable de l’embarquement des passagers et tout le monde s’active pour faire démarrer le bateau.

C’était donc pour ça qu’Akyo était tellement relax sur le fait qu’on allait pas rater le ferry : en boss de l’ile elle leur a tout simplement dit de nous attendre avant de partir, la classe infinie !

Sur le bateau cette fois les chiens sont encore plus l’attraction des passagers, en même temps qui pourrait résister à la bonne bouille de Mimi ?!

A small curly-haired puppy sleeping peacefully on the backseat of a car next to a person wearing a seatbelt.
Mimi
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