Le pouvoir de la langue

Interior of a themed restaurant with colorful hanging lanterns, artificial cherry blossom trees, and a glowing blue water feature running between dining tables.

Un jour, alors que nous séjournions chez Josh et Ramita , ils décident de nous emmener manger dans un endroit un peu spécial, où selon Josh « Giang pourrait mettre à profit ses talents spécifiques pour l’aider ». Il n’en dit pas plus mais je crois deviner un peu ce qui se trame. Selon moi il veut nous emmener dans un restaurant vietnamien.

Bingo ! En fin limier que je suis (élève émérite de Sherlock Holmes vous pouvez le dire), j’avais vu juste. Nous nous garons devons un restaurant vietnamien qui a l’air super sympa, même vu de l’extérieur. Le seul hic, c’est que depuis notre petite escapade au village des pêcheurs , Josh et Ramita ont désormais non pas un, mais deux chiens. Et il va sans dire que les chiens sont souvent canidés non grata dans les restaurants, encore plus en Malaisie, du fait de la prédominance de la religion musulmane de plus en plus stricte . Le plan de Josh est tout simple et digne d’un grand frère qui utilise son petit frère pour aller demander quelque chose aux parents : il envoie donc Giang en éclaireuse pour demander s’il est possible de rentrer avec les chiens, qui attendent sagement dans leur cage.

Cette dernière se dirige vers le jeune serveur à l’entrée et lui demande en anglais s’il est possible pour nous de rentrer avec les chiens. Refus poli mais catégorique du jeune serveur. Giang réitère sa demande, en parlant doucement et en vietnamien.

Et là, sous mes yeux étonnés parce que je n’y croyais pas du tout, le gars accepte notre requête et consent à nous laisser rentrer avec nos deux amis poilus. Le pouvoir de la langue !

Et ça aurait été une petite perte pour nous de ne pas pouvoir rentrer dans ce restaurant parce qu’il était quand même très joli à l’intérieur, avec même une sorte de petite rivière et un pont de bois pour la traverser.

S’en suit un autre moment qui m’a fait beaucoup rire. Après qu’on nous ait donné le QR code pour aller consulter le menu en ligne, nous appelons une serveuse pour passer notre commande. On commence alors à lui parler en anglais et on voit son visage qui se crispe un peu : elle ne parle clairement pas très bien anglais. On joue alors la carte de la langue vietnamienne à nouveau, ce qui provoque un gros sentiment de soulagement très visible sur le visage de notre jeune serveuse.

Toujours en utilisant le pouvoir de la langue, Giang en apprend un peu plus sur les serveuses. Elles sont apparemment en Malaisie depuis quelques années, sont mariées à des Malaisiens et n’osent pas rentrer au Vietnam depuis le COVID, de peur qu’on leur interdise d’entrer à nouveau en Malaisie. Le courant passe bien entre nous tous et il faut dire que Josh, en bon communiquant et homme affable qu’il est, sait mettre tout le monde à l’aise. Il invite même nos deux jeunes serveuses à retirer leur masque, histoire qu’on voit un peu mieux les personnes à qui l’on parle. Et je me permettrais d’ajouter qu’il a bien fait, puisqu’elles sont mimis comme tout, et l’une d’elle est carrément magnifique.

Le Vietnam d’après mes observations purement objectives, c’est décidément un chouette pays côté représentantes de la gente féminine.

Et du coup vu que tout le monde est à l’aise, on se permet même de relâcher un peu les fauves, ce qui déclenche forcément une série de gratouilles de la part de nos deux amies serveuses.

Le restaurant était pas trop mal en soit : moins bon qu’un vrai restaurant vietnamien mais meilleur que pas mal d’endroits où nous sommes allés en Malaisie.

D’ailleurs regardez, j’ai même pu boire un café avec le petit filtre typique vietnamien (ici en vert). J’en avais déjà parlé mais y’a quand même un délire sur le café au Vietnam, mais tout allait bien ce jour-là.

Bon et forcément comme on a tous passé un moment bien sympatique et qu’on est en Asie, il parait tout naturel pour tout le monde de faire des petites photos de groupe à l’entrée du restaurant.

Là où c’est fun c’est qu’on ne sait même pas qui est la petite fille qui pose avec nous : elle avait vu la photo et a décidé de taper l’incruste, pourquoi pas après tout ?!

Cette petite expérience m’aura fait prendre pleinement conscience du pouvoir de la langue, d’une façon que je n’aurais jamais imaginée. Et là où c’est doublement drôle c’est que là où nous Français on fait des blagues sur les Chinois qui mangent des chiens, les Malaisiens eux ont les mêmes mais avec les Vietnamiens !

Mais rassurez-vous, aucune tentative de brochette de Coco et de Mimi à relever.

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