Kepala Batas : au fin fond de la Malaisie
Après une petite semaine passée chez Josh , il était temps de repartir vers la prochaine expérience de Workaway. Mais là où Josh avait été super réactif et précis dans ses communications avec nous, il est clair que cela n’a pas du tout été le cas de Nasrul, notre nouvel hôte.
Contacte-moi si tu peux
Même si nous l’avions contacté bien en avance (à la fin de notre séjour en Thaïlande) et qu’il nous avait confirmé qu’il était d’accord et prêt à nous recevoir, il aura fallu lui courir après et insister pas mal pour qu’il nous rappelle et nous donne davantage d’informations sur la mission à effectuer.
Il nous avait même proposé de façon évasive un point de rendez-vous dont on n’avait pas bien compris l’intérêt : il nous aurait fallu nous rendre sur l’ile de Penang alors qu’il habite sur le continent et qu’en plus de ça, nous avons eu à faire un trajet interminable .
Pire même, alors que nous l’avons un peu pressé pour l’avoir au téléphone pour se mettre d’accord sur un meilleur lieu de rendez-vous et obtenir un peu plus d’informations, il nous a seulement rappelé la veille de notre départ. Dans tous les cas, Josh en hôte génial nous avait proposé de rester chez lui le temps qu’il aurait fallu.
Mais il nous aura finalement contacté et il était donc temps de se mettre en route pour Kepala Batas, notre prochaine destination et mission Workaway.
La mission Workaway
Sur la fiche de profil Workaway de Nasrul, il était indiqué 2 missions différents :
- Aider dans une ferme de chèvres.
- Donner des cours d’anglais aux enfants du coin.
Bon clairement une des deux missions m’enchantait davantage que l’autre mais durant mon voyage, vous l’aurez compris, je ne renonce pas à de nouvelles expériences. Par rapport aux différentes informations annoncées par Nasrul, force aura été de constater qu’il y a eu quelques petits écarts avec la réalité.
D’abord il ne s’agissait pas de chèvres mais de moutons. Ensuite ce n’était pas vraiment une ferme mais plutôt un batiment en bois où étaient parqués à l’étage les pauvres petits moutons. Je dis pauvres parce que non seulement ces derniers n’avaient pas beaucoup de place et vivaient sur un plancher de bois et non une douce pelouse à brouter, mais ils étaient de surcroit destinés à être mangés dans un futur somme toute assez proche.
Le point positif de cette expérience c’est que nous avons pu faire la connaissance d’une mère et sa fille très gentilles, qui nous ont coaché sur ce qu’il fallait faire. Comme pour se venger de la fois où je l’avais laissée monter seule sur le toit de tôle brulant pendant la mission du Light Project au Vietnam, Giang se contente cette fois-ci de filmer les différentes explications et conseils que nous dispensent la mère et la fille (dont j’ai hélas oublié les patronymes).
Précaution somme toute inutile puisque ce sera la seule fois où nous nous sommes rendus dans cette “ferme”, pour le plus grand bonheur de GIang qui n’avait aucune envie de préparer le mélange bizarre qu’il aura fallu malaxer à mains nues, servant de nourriture aux pauvres moutons. Bon j’avoue quand même que moi non plus je n’étais pas si chaud de continuer sur la lancée des moutons mais que j’aurais pu l’encaisser sans soucis : après tout c’était très rapide et le trajet pour s’y rendre était même plus long que la tâche en elle-même.
Là où par contre on n’était vraiment pas chaud du tout, c’est que Nasrul nous avais dit qu’il y avait des chances qu’on loge dans la petite maison située sur le même domaine (qui servira de Airbnb dans le futur ?) si jamais elle était prête. Je reconnais que j’aime bien les animaux mais là j’étais vraiment pas chaud du tout, surtout que la ferme était située dans un endroit bien excentré par rapport au centre-ville.
En outre, nous étions logés dans une chouette petite maison en plein centre-ville de Kepala Batas. Là aussi, deuxième petit changement par rapport à l’attendu. Nous étions en effet censés loger chez Nasrul et sa famille mais avons été à la plce logés dans une petite maison pour nous tout seul. Une chouette petite maison avec une grande pièce à vivre et dans le salon, un petit tableau avec… une tour Eiffel évidemment, celle-là elle ne me lâchera jamais !
Cette maison appartient à la soeur d’un ami de Nasrul qui est avocat et s’appelle Mustafa. C’était un poil surprenant d’ailleurs parce qu’il avait plutôt les traits asiatiques chinois mais c’était un musulman, comme quasiment toute la population des campagnes malaisiennes. Avoir une maison c’est aussi avoir la garantie de pouvoir se faire soi-même à manger, un bon point pour mon estomac (et mon portefeuille !) puisque la plupart des plats que l’on peut acheter à l’extérieur sont plutôt gras dans l’ensemble. Le seul bémol était que la maison ne disposait pas du wifi mais on a pu se débrouiller avec nos smartphones donc tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Pour couronner le tout Nasrul nous a même prêté un scooter 125 cc en excellent état, qui nous a rendu complètement autonomes sur nos déplacements.
Ajoutez à cela le prix vraiment très bas de l’essence en Malaisie, merci Petronas.
Elle est pas belle la vie en Malaisie ?
La jolie campagne de Kepala Batas
En malaisien, Kepala ça veut dire la tête et Batas la frontière. Ce nom est tout simplement dû fait de la proximité avec la frontière thaïlandaise. Mais ca je ne l’apprendrais qu’un mois plus tard en Indonésie (parce que les langues sont vraiment très proches voire similaires).
Pour l’instant il était plutôt question de profiter des jolis paysages aux abord de la ville. Asie du Sud-Est oblige, la campagne est composée principalement de palmiers et de rizières. Le tout donne un ensemble plutôt sympa dont je ne me lasse pas beaucoup et que je trouve très dépaysant et reposant.
Une fois nous avons pu nous rendre dans une sorte de petit parc pédagogique situé à une dizaine de kilomètres. Un petit endroit abritant une végétation luxuriante et où l’on se déplaçait au milieu de ponts de bois.
D’ailleurs petite dédicace à ce jeune enfant malaisien tout excité et enthousiasmé de me voir franchir très rapidement les passerelles sans avoir besoin de mes mains et me gratifiant joyeusement du compliment suivant :
« You’re so good, you’re so good ! (T’es trop fort, t’es trop fort!) ».
Comme quoi la vérité sort bel et bien de la bouche des enfants, l’adage disait donc vrai.
Manger à Kepala Batas
Un élément que j’avais déjà vu chez Josh et que je trouve typique de la Malaisie, ce sont ces restaurants/cantines. Le principe est très simple : on se sert directement de tout ce qu’on veut et on passe à la caisse quand on a fini de remplir notre assiette. Dans celui où je suis allé avec Josh, on est même passé à la caisse à la fin du repas, en montant les photos de nos assiettes que nous avions prises au préalable. Principe super sympa que j’apprécie beaucoup.
Je pense que ce genre d’endroit est très populaire auprès des Malaisiens : Nasrul m’a dit par exemple que sa famille et lui mangeaient tous les jours leur petit-déjeuner à l’extérieur, j’imagine dans ce genre d’endroits le plus souvent.
Si on va manger dans ce genre d’établissement en Malaisie, impossible de ne pas commander la spécialité appelée Nasi Lemak : littéralement “riz à la crème” car le riz est cuit dans du lait de coco, ce qui lui donne un côté onctueux délicieux. Il est généralement servi avec du chou et du boeuf.
Comment également passer à côté du Roti Canai (prononcer Tchanaï), la spécialité des Malaisiens côté indiens. C’est une sorte de naan que l’on chiffonne et plie plusieurs fois, tout en l’imbibant dans de l’huile au fur et à mesure de la prépartion. C’est très bon (même si un peu gras quand même) et ça se déguste souvent en le trempant dans du curry.
Au cours de mon voyage j’ai déjà eu des expériences différentes au niveau du café. À Kepala Batas j’ai été plutôt déçu parce que personne ne vendait du bon café, alors qu’on m’avait pourtant vendu la Malaisie comme un pays solide au niveau du café. Par exemple dans les petits bouis-bouis dont j’ai parlé juste avant, si on commande un café, il s’agit tout simplement d’un café instantané que l’on peut choisir soi-même parmi ceux qu sont suspendus. Pas terrible donc.
C’est la raison pour laquelle en vadrouillant un peu aux abords de la ville, j’ai été super attiré par un stand qui vendait uniquement du café. Je m’étais dit que c’était bon, j’allais enfin pouvoir avoir un bon café.
Raté ! Cette fois-ci le gars me l’a carrément servi dans un sac plastique, pour une quantité d’environ un demi-litre !
J’avoue que des fois je trouve que les cafés sont trop courts mais là c’était beaucoup trop long et pas dingue non plus. La mission café aura échoué une fois encore.
Tranches de vie
Kepala Batas c’était un endroit super sympa où séjourner pour un petit moment. Bon nous sommes en Malaisie, dans un endroit plutôt reculé, alors le religion musulmane est très présente. Ce qui se traduit par plusieurs choses qui m’amusent ou me dépaysent à coup sûr.
D’abord notre maison est située à proximité de deux mosquées différentes. Je ne sais pas si les imams se calent entre eux, mais j’assistais de façon presque quotidienne à ce qui semblait être un concours de baffles et hauts-parleurs entre les deux mosquées, lors de l’Adhan, l’appel à la prière des musulmans. Le son à fond qui résonne dans tout le quartier, c’est impossible de passer à côté. Impossible d’autant plus que ça a lieu 5 fois par jour !
Juste à côté de chez nous se trouvait ce qui semblait être une madrasa pour très jeunes enfants.
J’avoue que voir cette photo de toutes petites filles voilées ça me fait toujours un peu quelque chose, même si j’ai fini par m’habituer assez vite au voile des enfants.
Un intrus dans la ville
Pendant mon séjour à Kepala Batas, j’ai pu rencontrer
Adib
, un ami Malaisien de Giang. Ce dernier n’en revenait pas que nous séjournions à Kepala Batas. Et pour cause : c’est une ville assez grande, mais plutôt reculée et où les touristes ne s’arrêtent jamais. De fait, ma petite tête de beau-gosse d’homme blanc européen ne passait jamais inaperçue.
Contrairement à l’Indonésie où j’ai séjourné juste après et où tout le monde me disait bonjour, là les gens étaient bien plus timides et réservés et se donnaient plutôt des coups de coude entre eux quand ils me croisaient, notamment au marché Pasar Malam que j’ai fréquenté plusieurs fois.
Une fois je crois que j’ai carrément fait bugger une caissière d’un petit magasin de bubble tea, qui me regardait d’un air rêveur pendant que sa collègue me servait. Peut-être que je m’emballe et que je me trompe me direz-vous mais je dois quand même reconnaitre que personne ne m’a jamais regardé comme ça. Un point de plus pour la Malaisie.
Je reconnais que j’aurais bien aimé voir Nasrul plus souvent mais hélas, son beau-père est tombé très malade d’un coup et il a été très occupé par sa famille, ce qu’évidemment je comprends tout à fait (sinon merci de me pendre par les pieds la prochaine fois que vous me verrez).
En tous les cas, la petite maison où nous avons séjourné, notre chouette scooter et les enfants adorables de nos cours d’anglais m’auront fait aimer mon séjour dans cette ville, qui me manque un peu parfois.