Cebu 2/2 : on se rattrape comme on peut
Si je devais ne m’en tenir qu’à l’article précédent et dire que mon séjour à Lapu Lapu aura seulement été atroce, ça serait mentir un peu. L’adage séculaire ne dit-il pas qu’il y a toujours un soleil après la pluie ? Sur cette pensée météorologique profonde, il convient maintenant de vous expliquer en quoi tout n’a pas toujours été si horrible.
Sauvés par la visite de monuments ?
Si comme tout bon touriste du troisième millénaire vous cherchez sur Google ce qu’il y a à faire à Cebu ville et Lapu-Lapu, vous allez forcément tomber sur la même liste de monuments et d’attractions qui figurent sur le circuit classique que vous proposeront les chauffeurs de taxis du coin. Et à vrai dire, il n’y avait rien au menu qui m’attirait vraiment.
Mais Giang a insisté pour que nous allions en visiter certains : après tout ça reste le seul moyen de savoir si c’est vraiment nul ou pas. Sur cette logique tristement imparable, nous voilà donc partis un samedi après-midi visiter les deux principaux monuments que nous avons retenus.
D’abord le fort de San Pedro, construit par les conquistadors espagnols en 1565. C’est le plus vieux et le plus petit des forts des Philippines et clairement la durée de la visite en atteste : il faut au grand mot 20 minutes pour avoir fait complètement le tour de la chose, et encore si vous en faites deux fois le tour.
Rien à voir donc, nous passons au deuxième et dernier monument (heureusement pour moi). Et là quand on parle de trucs surcotés, je peux vous dire que le temple de Leah tient la dragée plus que haute.
C’est l’un des monuments les plus emblématiques de la ville et à vrai dire à ce jour je n’ai toujours pas compris pourquoi. Ledit temple a été construit… en 2012 par un homme relativement fortuné en hommage à sa femme nommée Leah. Le temple revendique une inspiration d’architecture grecque mais c’est bien là où l’aspect intéressant s’arrête.
Qui en a quelque chose à secouer (pardonnez mon français) d’un truc qui a été construit il y a 10 ans seulement et qui n’a donc littéralement aucune valeur historique ?
En plus de ça l’entrée vaut 100 pesos philippins (1,7 €), soit environ 100 pesos de trop si vous voulez mon avis. Bon au moins vu que c’était bien en hauteur il y avait quand même une jolie vue de là-haut, mais pas de quoi fouetter un chat ou n’importe quel autre animal d’ailleurs.
Sauvés par les fonds marins ?
En qualité d’archipel, les Philippines sont un lieu idéal pour faire de la plongée. Giang voulait absolument que nous nous lancions dans une certification complète de plongée mais ça valait dans les 350 € par tête de pioche et surtout cela sous-entendait d’étudier pendant au moins quatre jours, ce qui était complètement incompatible avec nos emplois du temps. Le compromis a finalement été trouvé : nous allions simplement faire une sortie d’initiation.
En raison de grosses (grosses) pluies, la date initiale de la plongée a d’abord dû être repoussée. Le samedi suivant le soleil est au rendez-vous et ça tombe bien nous aussi !
Nous avons donc pu faire notre petite séance d’initiation aux alentours du centre de plongée. L’expérience était sympa et relaxante mais les coraux et les fonds marins n’étaient clairement pas aussi beaux que ceux que nous avons pu admirer sur l’ile de Siompu.
Il faut dire que l’ile de Cebu avait essuyé un gros typhon un an auparavant qui a bien ravagé les coraux. Ceci étant, les moniteurs étaient vraiment très sympas et nous ont expliqué qu’il participaient justement à replanter les coraux. Je les ai également aussi vu ramasser les quelques déchets plastiques qu’ils ont pu trouver pendant notre plongée et les mettre dans leur petite besace : un bon point Benji pour eux.
Aussi sympa qu’a été cette expérience sous-marine, ce n’est toujours pas ça qui a vraiment relevé le niveau de notre séjour à Lapu-Lapu.
Sauvés par… une visite improvisée !
Comme cela aura été le cas plusieurs fois aux Philippines, l’une des meilleures choses que nous avons faites aura été quelque chose de totalement improvisé.
Ce jour-là Giang veut s’arrêter dans un café pour que nous commandions quelque chose à boire et que nous nous abritions du soleil brûlant pour manger nos sandwichs. Comme au Vietnam, je suis toujours un peu sceptique quant au fait de demander à un établissement si on peut y consommer notre propre nourriture. Mais aucun problème nous répondent les sympathiques jeunes employés de ce café/boulangerie coréen.
Première bonne surprise, je déguste un Misutgaru shake : une boisson à base de misu-garu, une poudre de céréales traditionnelle composée de 7 à 10 céréales différentes. C’est délicieux et tout en mangeant mon sandwich que j’ai apporté, ça me conforte dans ma pensée que c’était une bonne idée de s’arrêter dans ce commerce.
Mais ça ne s’arrête pas là. Giang a la présence d’esprit de demander aux employés ce qu’ils nous recommanderaient de faire cette après-midi. Ils nous répondent que le mieux ça serait de visiter l’ile d’Olango, située non loin d’ici.
Comme rien ne semblent les arrêter dans leur course aux bonnes idées, ils nous donnent ensuite l’itinéraire à suivre pour s’y rendre et arrêtent même un jeepney, l’un des moyens de transport phares des Philippines, en nous annonçant au préalable la modique somme à régler, histoire de ne pas se faire arnaqueur. Grosse dédicace à eux vous l’aurez compris.
Un jeepney et un tricycle à moteur (autre moyen de transport phare dans l’archipel philippin), nous voilà enfin rendus sur le petit ferry qui va nous emmener sur l’ile d’Olango.
Sur l’ile nous visitons ce qu’ils annoncent comme sanctuaire de la vie sauvage : une sorte de mini-réserve avec un long ponton pour se rendre sur une plate-forme d’observation des oiseaux. Sympa mais sans plus.
Ceci dit ça reste clairement une grosse bouffée d’air par rapport à l’atmosphère oppressante de Lapu-Lapu.
Non là où vraiment c’était une chouette visite, c’est le trajet retour que nous avons effectué en marchant. Nous y découvrons un joli paysage composé principalement de palmiers, bien plus proche de l’idée de base que je me faisais des Philippines, comparé à ce que j’ai vu de Cebu jusque-là. Les habitations ne sont pas des plus fraîches et ça me rappelle un peu mon séjour à Baubau en Indonésie .
Comme souvent dans ce coin du monde, on peut observer des enfants jouant dans la rue :
À un moment donné, sur la route a lieu… un match de basket ! Match qui semble d’ailleurs être l’attraction locale du weekend puisque pas mal de gens y assistent. Quand une voiture passe le match s’arrête un peu, avant de reprendre de plus belle. En fait je ne le savais pas encore mais clairement le basket est le sport le plus populaire dans ce pays, et de loin.
Le soleil se couche bientôt et c’est donc le signal pour nous d’aller prendre le ferry dans l’autre sens, pour retourner (hélas !) dans l’enfer de Lapu-Lapu.
Mais tout n’est pas perdu puisque cela nous redonne quand même l’espoir que ce pays a quand même des jolies choses à offrir, espoir que Lapu-Lapu nous avait presque entièrement fait perdre jusque-là.
Le meilleur reste à venir.