Sumilon island : destination surcôtée
Une des activités incontournables d’Oslob c’est l’observation des requins-baleines. Généralement je ne suis pas du tout adepte des zoos et autres endroits de ce genre parce que je considère que je préfère essayer d’apercevoir des animaux sauvages uniquement dans leur milieu naturel, au risque de n’en apercevoir aucun si je suis malchanceux.
Pris d’un petit doute quant à l’intérêt de cette activité pourtant phare de l’ile, je me suis renseigné sur le business de l’observation des requins-baleines à Oslob et je suis tombé sur cet article (en anglais).
La question était alors vite répondue : hors de question de participer à ce genre d’exploitation de la faune de mon côté, surtout si c’est pour me retrouver avec tout un tas de clampins autour de moi.
Mais alors, que faire à Oslob ? Eh bien pourquoi pas l’autre activité phare recommandée par absolument tous les guides et voyageurs : la visite de l’ile de Sumilon.
Surcôtée vous dites ?
L’ile de Sumilon est une ile minuscule située à moins de 30 minutes de bateau de la côte. La visite est bien entendu payante : une partie pour le trajet en bateau et une autre partie dite de “taxe écologique”.
Sur le papier ça me parait plutôt bien et je suis content de pouvoir contribuer à la préservation du milieu naturel. Enfin ça c’est ce que j’aime à penser parce qu’apparemment il y a beaucoup de corruption aux Philippines et je n’ai aucune peine à imaginer qu’il pourrait se passer la même chose avec cette taxe.
Voulant éviter à tout prix le plus de clampins possible, nous choisissons de nous rendre sur l’ile de bon matin, histoire d’avoir le moins de monde possible. L’horaire plutôt matinal couplé à la météo qui n’est pas des plus ensoleillées : voilà une combinaison qui devrait nous assurer le moins de monde possible, c’est déjà ça.
Nous embarquons donc à bord d’un bateau, aux côtés de touristes philippins qui mangent tranquillement des chips sur le pont, pratique relativement courante dans le pays.
Je savais d’avance que cette ile était principalement constituée d’un complexe hôtelier privé et d’une plage, mais ladite plage m’avait quand même parue un peu plus grande que ça sur les photos. Et pour cause : le banc de sable fais moins d’une quarantaine de mètres de long, on en a très (trop) vite fait le tour.
Visiblement, la plupart des touristes qui ont débarqué sur l’ile se contentent simplement de prendre des (milliers de) photos en riant aux éclats, comme si c’était l’activité la plus drôle qu’il ait jamais faite.
Bon je ne vais pas reprocher à tout le monde de passer du bon temps (je veux bien râler mais seulement quand tout le monde fait nimp’), mais c’est tout de même drôle de penser que les Philippins ont clairement l’air de s’éclater au plus haut point sur cette ile somme toute anecdotique, alors que leur archipel en est constitué de pléthore d’autres bien plus jolies.
Je reconnais tout de même qu’avec un grand soleil et un ciel bleu cette ile aurait carrément un aspect paradisiaque, tant l’eau y est claire.
Ceci étant il n’y a rien à voir du tout au fond de l’eau quand on se baigne près de la plage. Pas de problème puisqu’il y a une autre activité possible sur l’ile : la visite du sanctuaire marin.
Le sanctuaire marin
Moyennant un petit montant supplémentaire, on peut louer les services d’un “guide” pour nous accompagner nager dans ce qui est appelé le sanctuaire marin. Étant donné qu’il n’y a littéralement rien à faire sur l’ile et que nous aimons beaucoup nager pour observer les jolis fonds marins, nous n’hésitons pas longtemps.
Toutefois nous refusons tout net l’ordre qui nous est donné de devoir enfiler un gilet de sauvetage : nous savons tous deux bien nager et cela empêche beaucoup trop de plonger sous l’eau.
Je crois que cette mesure est mise en place parce qu’apparemment beaucoup de touristes asiatiques ne savent pas bien ou pas du tout nager, et se contentent de se faire traîner par le guide ! Aucun souci, le guide nous fait confiance et nous voilà donc partis vers l’autre côté de l’ile.
Pour le coup, le surplus qu’aura coûté cette activité aura été un bon investissement parce que le paysage sous-marin est très joli, comme souvent dans cette partie du globe.
Après il y a quand même un peu supercherie sur la marchandise parce qu’après avoir discuté un peu avec le guide, il m’apparaît que c’est seulement appelé un sanctuaire parce que la visite humaine y est limitée. Aucune volonté de replanter des coraux (comme je l’ai vu avec l’école de plongée à Lapu-Lapu) , aucune défense écologique de quoi que ce soit : le seul intérêt de leur côté semble être pécuniaire, vous l’aurez compris.
Un moment donné alors que nous nagions sous l’eau, nous croisons une véritable nuée de poissons comme je n’en avais jamais vue. Je me dis alors « Wow, le truc de fou ! » mais je suis vite rattrapé par un petit doute. Je demande alors au guide comment diantre se fait-il qu’il y ait autant de poissons à cet endroit là. Ce dernier me répond tout simplement :
« Parce que nous les nourrissons ».
Quand je lui demande alors pourquoi diantre ils les nourrissent, il me répond encore plus simplement et dans le plus grand des calmes :
Eh bien pour que les touristes les voient.
Ah ouais, on en est là quoi ! On est bien loin de l’image dégagée par le mot “sanctuaire” !
Nous ne sommes restés que quelques heures sur l’ile et c’était déjà largement plus que suffisant. Si c’était à refaire assurément j’aurais cherché à faire autre chose mais bon, on ne peut pas toujours savoir avant d’avoir testé.
Ah oui si, le seul point qui m’aura beaucoup fait rire et vendu un peu du rêve c’est le fait que notre bateau n’avait pas de rampe à laquelle s’accrocher pour faire descendre les passagers.
Aucun problème : deux membres de l’équipage tiennent un grand bambou et le tour est joué !
C’est assurément pour ce genre de scènes que j’adore l’Asie du Sud-Est !